Être père ? « C’est savoir pour qui on travaille »

02/10/22 | Catégorie

Incontournable quand on a des enfants en âge scolaire, avec son lot de bricolages improbables, la fête des pères a-t-elle encore un sens quand on a passé les neuf décennies d’âge ? Un crochet par SERVIOR Bofferdange et par le logis des époux Rhein-Goebel suffit à se convaincre de l’affirmative. Edmond (90 ans) et Jeanne (83 ans), 62 ans de mariage, ont donné vie à deux filles qui, ce dimanche encore, célébreront leur papa.

« On boira ensemble un verre de bulles dimanche après-midi », sourit Jeanne. Et plus tard, le restaurant du centre accueillera à nouveau la famille pour des agapes destinées à fêter le père de cette petite famille.

Il est heureux, l’ancien cheminot, quand il évoque sa descendance. Deux enfants, c’était la bonne mesure. « On ne doit pas avoir plus d’enfants qu’on a de mains pour travailler », soutenait son père, jardinier à Remich. Edmond, lui, fut chef aiguilleur à Bettembourg, nœud bien connu du réseau ferré luxembourgeois. Aurait-il aimé avoir un fils ? « Sans doute ! J’ai peut-être été un peu déçu sur le moment que notre second enfant ne soit pas un garçon… mais elle est si gentille ! » Clin d’œil.

L’enfant qui bouleverse le sens de la vie

Être père, cela allait de soi pour lui. « Si nous n’avions pas eu d’enfants, j’aurais voulu en adopter un, à coup sûr ! » Viviane et Nicole, âgées aujourd’hui de 60 et 52 ans, firent donc le bonheur du jeune couple, établi à Bettembourg puis à Roeser. « C’était la norme, à l’époque, d’avoir des enfants », remarque Jeanne. Edmond ne cache pas que c’est surtout elle qui s’est chargée de l’éducation des filles. « Moi, j’avais deux métiers, cheminot et assureur, et j’ai construit la maison de Roeser quand il nous a fallu un peu plus de place à la naissance de notre second enfant ».

A 90 ans, il se souvient encore des annonces de grossesse comme quelque chose de logique et normal, pas comme un choc ou une surprise. Et, bien sûr, il évoque la première naissance, quand, très fier, il fut le premier du couple à tenir l’enfant. « Il avait surtout peur, ne sachant pas comme le prendre », rigole Jeanne ! De ce statut de père, il retient une chose essentielle : « Cela change une vie : on sait pour qui on travaille ! Je n’ai eu de cesse que de laisser quelque chose à mes enfants. »

Toujours attentif comme aux premiers jours

Une fille qui fit carrière dans les ministères, une autre engagée… aux chemins de fer : de quoi faire la fierté des parents. L’aînée, retraitée, vit à proximité de la maison de Bofferdange. Et c’est elle, aujourd’hui, juste retour des choses, qui s’occupe des papiers de ses parents. Edmond ne laisse transparaître aucun trouble quand il évoque la rencontre des fiancés, le départ de ses filles de la maison. Son rôle de père, en tout cas, il n’y a pas mis fin à cette occasion et avoue volontiers que, quel que soit l’âge, on est toujours préoccupé par la vie de ses enfants. « C’est une responsabilité naturelle, elle ne s’estompe pas avec le temps. » Quand il est devenu grand-père, il a retrouvé l’usage de la poussette pour les longues balades avec son petit-fils.

Un papa heureux

« Les enfants nous rendent vraiment heureux par leur présence. Devrais-je encourager quelqu’un à avoir des enfants, fort de mon expérience ? Ce ne sera jamais ma démarche : chacun fait ce dont il a envie, et je n’ai pas à m’en mêler. Les temps changent. Il est moins automatique d’être père aujourd’hui… et alors ? Les gens choisissent leur vie, et c’est fort bien. Moi, en tout cas, je peux le dire, plus que jamais : je suis un papa heureux ! »