La technologie de plus en plus au service des aînés

05/06/24 | Actualité

À son poignet, une montre connectée. Sur son bureau, la toute nouvelle tablette qu’il teste pour ses pensionnaires et son personnel. Chargé de direction de SERVIOR à Howald, Xavier Thiéry est plutôt réceptif à toutes les évolutions technologiques et scientifiques. Mais il n’a de cesse de répéter qu’elles ne sont valides que si elles sont au service de l’humain. Dans un monde où l’évolution technologique trace sa voie à vitesse accélérée, il est aux premières loges pour apprécier l’utilité de tous ces outils qui permettent de mieux comprendre le vieillissement et de l’accompagner.

L’informatique pour encadrer les soins

Plaçant beaucoup d’espoir dans l’évolution des neurosciences, il se félicite qu’aujourd’hui, on puisse avoir accès très rapidement, sur internet notamment, à une documentation abondante qui permet de mieux comprendre les processus de vieillissement normal et pathologique, et plus particulièrement les maladies neurodégénératives… à condition d’être un utilisateur averti et de savoir faire un tri.

Dans toutes nos maisons, déjà depuis plusieurs années, l’informatique sert de support pour l’évaluation des besoins, pour la planification et la documentation des soins. Toutes les interventions sont planifiées, les informations de santé sont récoltées, dans le respect des règles de confidentialité, et le service soignant et médical peut garder un œil averti sur la santé du résident. Cette documentation informatisée permet de garantir une continuité dans la communication et dans la qualité des prestations. L’infirmier qui rentre de congé peut rapidement s’informer de l’évolution des résidents qu’il accompagne.

« A plus grande échelle, on observe que la gestion de données de santé devient un enjeu capital tant sur le plan sociétal que sur le plan économique. En matière de prévention, il s’agit sans doute de promouvoir la santé de sorte à repousser les limites de la maladie et de ce fait d’augmenter l’espérance de vie en bonne santé. En cas de maladie ou de dépendance liées à l’âge, les données deviennent aussi un enjeu capital en ce sens qu’elles permettent en partie de piloter certaines politiques publiques. Sans compter que les avancées en matière d’intelligence artificielle permettront sans doute d’affiner à terme les diagnostics médicaux, la prise en charge plus précoce de certaines pathologies et peut-être permettre à terme de favoriser une médecine préventive plutôt que curative. Les technologies participent donc pleinement à la prise en charge et au bien-être de nos aînés », estime Xavier Thiéry.

Bracelets complices

Dans les mécanismes déjà en place dans les maisons SERVIOR, il y a les bracelets (appel-malade) qui permettent d’appeler un soignant en cas d’urgence. « On peut imaginer que le dispositif s’étoffe, estime Xavier Thiéry. Une montre connectée permet aujourd’hui de prendre le rythme cardiaque, la saturométrie, de détecter les chutes… Pourquoi pas adapter ces équipements pour notre population dans le futur? En équiper les pensionnaires qui le désirent. » « Autre exemple, la mesure d’insuline chez les personnes diabétiques peut maintenant se faire grâce à un capteur de la taille d’une pièce de deux euros, sans piqûre, de manière nettement moins invasive qu’avant », relève Xavier Thiéry.

Les fauteuils roulants, quant à eux, sont de plus en plus fonctionnels, ergonomiques, sophistiqués et adaptés aux besoins et aux déficits.

La technologie est également au service de la sécurité, comme ces tapis spéciaux ou ces détecteurs de mouvement qui permettent de garantir un suivi en cas de besoin spécifique.

En matière de robotique, plusieurs tests sont en cours chez SERVIOR, en logistique et dans la restauration. Si l’on ne voit pas encore de robots auxiliaires à l’œuvre dans notre quotidien, rien ne dit que ce ne sera pas le cas dans quelques années « à condition qu’ils apportent une plus-value et qu’ils ne se substituent en rien à l’humain. »

Xavier Thiéry a participé à la promotion du simulateur de vieillissement de SERVIOR (« Age explorer »), une panoplie complète qui reproduit pour son utilisateur les effets du vieillissement. Lunettes pour brouiller la vue, casque pour altérer l’ouïe, pesante salopette qui reproduit le poids des années, entraves aux genoux et aux coudes : une fois paré de l’attirail, on prend d’un coup 25 ans. « Ce qui est à noter, c’est qu’au bout de dix à quinze minutes, on commence à ressentir les effets de la diminution physique sur son mental, remarque Xavier Thiéry. On tombe progressivement dans un sentiment d’isolement par rapport au monde extérieur. Cet équipement permet de comprendre à quel point une diminution physique peut à terme avoir de l’effet sur la santé mentale. Les deux sont intrinsèquement liés.» Une expérience utile pour les soignants auxquels la formation « Age explorer » est proposée en continu chez SERVIOR.

Incontournable communication

Là où la technologie s’est imposée sans coup férir, depuis les confinements de la crise sanitaire, c’est dans la communication. Aujourd’hui, de nombreux pensionnaires disposent d’un smartphone ou d’une tablette, et peuvent garder un contact suivi avec leurs proches. C’était inimaginable il y a moins de dix ans. Ces liens contribuent fortement au bien-être social des utilisateurs.

Dans la même veine, la maison des aînés d’Howald teste actuellement une tablette destinée aux pensionnaires, qui permettra de renforcer la communication entre eux, leur famille et SERVIOR. Si les développements en cours de l’outil et la phase de testing s’avèrent concluants, l’appareil pourra ainsi servir autant de vecteur d’information (météo, menus, horaires des animations…) que de moyen de communication, pour des appels en visio ou des échanges de photos, par exemple. Xavier Thiéry insiste : « Pour bien comprendre et encadrer le vieillissement, la technologie est un outil précieux, mais elle vient en complément d’une solide formation et d’une expérience de terrain. Rien ne remplace l’écoute et le contact. »

Récemment enfin, les résidents de la maison des aînés Beim Klouschter ont participé à une rencontre intergénérationnelle avec des étudiants en design virtuel de l’Université de Kaiserslautern. Ce projet, rendu possible grâce à une étroite collaboration avec le Dr Hoffmann de GERO, a pour but de développer une application virtuelle destinée aux seniors de plus de 80 ans. Une application VR qui se veut innovante mais qui doit aussi contribuer à mieux comprendre les besoins et les exigences des personnes âgées en matière d’utilisation des technologies modernes.