Les clichés ont la vie dure. Comme on évoque « un » prêtre, « un » juge, « un » médecin, on a pris l’habitude de dire « une » sage-femme, « une » infirmière… La langue française, à ce jeu, n’offre pas le confort, ambigu certes, d’une dénomination neutre : le 12 mai, c’est rien moins que la « Journée internationale des infirmières » (en Allemagne depuis peu officiellement renommée en « Journée internationale des soignants ») que l’on a longtemps été invité à fêter. Le prétexte du genre (féminin) de Florence Nightingale, patronne de la profession, tenait tout juste lieu de cache-sexe.
D’accord, les chiffres sont implacables. Parmi les salariés de SERVIOR, 604 sont infirmiers*ières : 538 femmes… et 66 hommes. Ce rapport de 89 à 11% est légèrement inférieur à la moyenne nationale (82 – 18%), qui tient compte des hôpitaux. La parité viendra, sans doute… mais pas tout de suite. En ce 12 mai, après une année particulièrement exigeante, hommage donc à tous ceux et celles qui se dépensent sans compter pour soulager les douleurs des autres, et qui ont accepté de nombreux sacrifices ces 14 derniers mois, allant jusqu’à trouver un lit provisoire au Grand-Duché au plus fort de la crise.
De la planche à dessin à la seringue
Honneur aux hommes ! La nationalité la plus représentée parmi les infirmiers actifs dans les établissements SERVIOR, c’est l’allemande. Venu d’outre-Moselle, Dong-Hyun Brömer (49 ans) est l’une des figures du plateau du Rham, à Luxembourg, où il exerce ses talents. A priori, rien ne destinait cet Allemand-Sud-Coréen d’origine (il cumule les deux nationalités) à manipuler seringues et compresses. Dessinateur technique, il se languissait un peu dans une profession peu concrète pour lui. Mais lors de son service civil, il se met au service de personnes du grand âge, au sein d’un réseau de soins. C’est le déclic. Abandonnant des projets dont il ne verra jamais la réalisation pour des contacts humains bien concrets, il se recycle et devient infirmier, à 29 ans.
Encore plus gratifiant
« Patience et humilité, complétées par une bonne écoute, sont certainement les vertus essentielles de la profession, résume Dong-Hyun Brömer. Ce qui me plaît, c’est la variété de nos tâches, et les interactions entre les patients résidents, leur médecin, leur famille. Nous sommes à un carrefour de responsabilités. Ce qui me motive jour après jour, c’est la reconnaissance et la gratitude dont nous pouvons être l’objet. La pandémie a même accentué cette tendance. Avant, les professionnels des soins n’étaient reconnus que dans les moments charnières, lors d’une maladie, d’un emménagement compliqué dans notre résidence… Mais je constate que depuis l’année dernière, le contact est devenu beaucoup plus chaleureux, plus familier, plus naturel, avec les résidents et leurs familles. C’est un des privilèges de notre profession. Un simple remerciement d’un pensionnaire peut provoquer la chair de poule.»
Les préjugés de genre sur la profession, il en rit : « Je suis béni entre toutes les femmes », ose ce père de deux enfants. « Peu importe le sexe de l’infirmier, il faut avant tout être sociable, ouvert, et savoir communiquer. Et surtout être humain ». Dong-Hyun a travaillé 16 ans pour la croix rouge allemande (DRK), et perfectionné ses compétences dans beaucoup de domaines : chirurgie vasculaire, chirurgie générale, soins intensifs en neurologie, maisons d’hébergement…
Maîtriser ses émotions
« Notre métier est exigeant, autant physiquement que psychologiquement. Nous devons être attentifs à réfréner nos émotions… tout en gardant une approche humaine intense. J’apprends beaucoup des seniors dont je m’occupe. J’ai un respect énorme pour cette génération née autour de la Seconde Guerre mondiale, qui a dû supporter des privations et qui a du recul par rapport à la vie d’aujourd’hui, la rapidité, la consommation, le modèle économique et social. C’est inspirant d’échanger avec eux ».
Personne de référence
Sa collègue du Rham, Leonie Thommes (22 ans), est issue d’une famille d’infirmiers. Elle travaille à Luxembourg depuis moins d’un an. Jeune, mais déterminée, elle n’a pas choisi la facilité professionnelle, en optant pour une profession exigeante et pour un véritable engagement au service d’une communauté. « Le champ d’activité et les possibilités professionnelles d’un infirmier diplômé sont très vastes. De ce fait, de nombreuses portes s’ouvrent à vous dans le secteur de la santé et des soins infirmiers », dit-elle.
Le monde du grand âge, elle l’a découvert en rendant visite à sa grand-mère, dans une maison de repos, alors qu’elle suivait ses stages d’infirmière en milieu hospitalier, à Trèves. Désireuse d’un contact humain plus intense que dans les hôpitaux, elle opte pour l’encadrement des personnes âgées. « Dans une résidence pour seniors, nous sommes plus une personne de référence. Nous devons être éveillés et attentifs, observer, écouter, lire entre les lignes, savoir interpréter la communication non verbale. Nous sommes un maillon important pour un encadrement individualisé ; nous nous efforçons de prendre le temps de discuter avec le pensionnaire, l’écouter, le réconforter. C’est important. »
On vit ensemble
Bien sûr, la partie technique médicale reste prépondérante, et confère beaucoup de responsabilités à ceux et celles qui l’exercent. Et l’infirmière est une pièce d’un puzzle qui rassemble soignants, personnel d’entretien et de restauration, d’administration et d’animation.
Ce côté équipe, mais aussi famille, a convaincu Leonie Thommes que son choix lui convenait bien : « A l’hôpital les patients ne restent que pour une courte durée. Ici, on vit ensemble, tout le monde se connaît, on s’appelle par son nom. Les résidents appellent mon lieu de travail leur « maison », ce qui donne un sentiment très agréable. On apprend aussi à connaître leurs familles. « Ah c’est vous Léonie? Ma mère parle tellement de vous! » ai-je entendu récemment. Des moments magiques comme celui-là me confortent dans ma décision initiale de vouloir contribuer au bien-vivre de personnes âgées. »
*** SERVIOR, qui figure parmi les 20 plus gros employeurs du pays, recrute en permanence des talents pour renforcer ses équipes, et notamment des infirmiers et infirmières. Tous les détails et les informations sur les postes disponibles sur jobs.servior.lu .